Les évêques : gardiens de la Foi ou protecteurs prosélytes des autres cultes ?
Changement de contexte, ouverture au monde ou fin des condamnations, toutes les justifications les plus pauvres seront sans doute invoquées pour tuer la prudence qui doit animer un éminent gardien ou un digne surveillant. Car l’étymologie le prouve. L’évêque, en grec Eπίσκοπος, est celui « qui surveille », celui qui veille à ce que la Foi soit défendue à travers son diocèse, que les erreurs objectives ne s’y diffusent pas au détriment de la vérité révélée par Jésus Christ, Notre Seigneur, le Fils de Dieu. L’évêque est donc gardien de la Foi. Il doit veiller à ce que les âmes reçoivent la bonne parole de l’Évangile, celle qui fait dire au Christ : « Qui n’est pas avec moi est contre moi et qui n’amasse pas avec moi dissipe. » L’évêque est enfin successeur des apôtres. Il recueille l’héritage de ces martyrs qui ont versé leur sang pour avoir refusé de renier le Christ et d’embrasser les idoles par quelque geste de respect que ce soit.
Les milliers d’évêques que l’histoire de l’Église a donnés sont tous des hommes faillibles, dotés de défauts comme de qualités. Il y eut des héros comme il y eut des pusillanimes. Il y eut des Hilaire de Poitiers et des Bossuet. Il y eut des Cauchon et des Talleyrand. Mais jamais une nation si chrétienne autrefois n’avait vu un tel désarroi touchant de si près la Foi. Aujourd’hui, nos évêques se taisent quand le Christ est attaqué. À notre égard, ils maintiennent les églises fermées. Parallèlement, ils inaugurent des mosquées. Ils concélèbrent avec des pasteurs. Ils diplôment les imams et font prêcher les rabbins dans leurs cathédrales. En un mot, ils confortent les âmes dans leur éloignement au Christ et à l’Église qu’Il a fondée.
L’actualité récente s’avère particulièrement inquiétante. Délaissant leur rôle de « surveillant », de gardien de la Foi, de successeur des Apôtres et des martyrs, un grand nombre d’évêques de France s’attache à constituer une forme d’ambassade du fait religieux en général. Noyant le catholicisme dans une cohabitation avec les autres religions qui laissent les âmes dans l’ignorance de l’amour du Christ, ils se fondent eux-mêmes dans un syndicat de défense des cultes. Ils n’hésitent plus à voler au secours de la burqa et semblent plus soucieux de fêter « un bon Ramadan » aux dignitaires de l’Islam que de faire connaître et observer le Carême à leurs ouailles :
- Le 25 janvier 2010, l’Institut catholique de Paris, fondé par les archevêques de Paris au XIXe siècle pour dispenser un enseignement conforme à la doctrine de l’Église, a décerné le diplôme « interculturalité, laïcité et religions » à plusieurs imams que l’Université républicaine refusait d’accueillir au nom de la laïcité. Ainsi l’ordinaire parisien couvre-t-il de son autorité la formation des aumôniers musulmans d’armées, de prisons, d’hôpitaux ou d’universités.
- Le 8 février, Mgr Dominique Lebrun, évêque de Saint-Étienne, se rendait à la mosquée afin de s’excuser auprès des Musulmans pour ceux qui craignent l’avancée de l’Islam. À la suite de Mgr Hippolyte Simon, archevêque de Clermont-Ferrand, ou de Mgr Jean-Luc Bouilleret, évêque d’Amiens, qui avaient participé à la pose de la première pierre des grandes mosquées de leur ville, Mgr Lebrun a apporté son soutien à la communauté : « Des chrétiens ont du mal à comprendre la présence de lieux de culte musulman sur le territoire qu’ils considèrent comme le leur. Cette pensée n’est pas juste et, autant que cela m’est donné comme une grâce de Dieu, je veux en demander pardon. » De son côté, l'abbé Étienne Uberall, vicaire épiscopal de la zone pastorale de Strasbourg , indiquait récemment à la télévision régionale qu’il était favorable à l’enseignement de l’Islam dans les établissements scolaires de sa région.
- Le 14 mars prochain, le rabbin Rivon Krygier prononcera l’une des six conférences de carême sous la voûte de la cathédrale Notre-Dame, à l’invitation du cardinal archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois. Ainsi ce temps de pénitence qui est censé conduire les âmes à suivre le Christ dans sa Passion et à les préparer à sa glorieuse Résurrection verra-t-il prêcher dans un haut lieu sacré un responsable d’une religion qui nie précisément la divinité du Fils de Dieu et le miracle de Pâques.
Ces quelques récents exemples sont en réalité symptomatiques d’une série de scandales trop nombreux pour être tous cités qui vont de la concélébration avec des femmes pasteurs jusqu’à la défense du port de la burqa. De l’impossibilité d’affirmer que la religion catholique est la seule qui a été fondée par Dieu, un indifférentisme s’est propagé jusque dans l’esprit des responsables pourtant censés maintenir la Foi de ceux qui leur sont confiés. Ce faisant, ils encouragent la déchristianisation de la France sur le sol duquel les temples des autres cultes pullulent, annonçant toujours davantage l’oubli du Dieu de majesté.
Quel argument objectif, quel élément de la Foi pourrait justifier un tel revirement de situation qui, en lui-même, conduit à condamner toute l’histoire de l’Église des dix-neuf premiers siècles en la résumant aux légendes noires héritées de Voltaire selon lesquelles l’Église d’autrefois ne savait pas parler aux hommes, maniait l’épée ou la conversion forcée ? Comme nous devrions, à l’inverse de cette attitude empreinte d’ignorance, toujours mieux connaître ces belles et grandes figures missionnaires de l’Église, débordantes de l’amour divin, qui ont su respecter les hommes, mais détester leurs erreurs et, ce faisant, établir l’Église à travers le monde sur la charité et la vérité. En réalité, c’est bien une charité bancale qui accorde des concessions à des systèmes religieux dont la première caractéristique est l’ éloignement de Jésus-Christ et de son Eglise, où ils relèguent les âmes.
Il faut le reconnaître, sur le chemin de l’œcuménisme et du dialogue interreligieux, la situation de l’Église de France s’aggrave. Est-il possible de se taire, ou du moins de mettre entre parenthèses ce cri d’alerte, lorsque ce sont des milliers d’âmes qui sont plongées dans un indifférentisme mortel ? Ces accents sont-ils échangeables contre un confort canonique ? Samaritains que nous devrions être, resterons-nous indifférents en abandonnant les fidèles, ces nouveaux mendiants agonisant de la complaisance épiscopale qu’elle aura sacrifiés sur le chemin du « dialogue » ?