Il y a tout de même un grand embarras de La Croix dans sa défense de Vatican II comme un bloc infaillible et dans ses attaques contre les « évêques intégristes » et les « militants intégristes ». Et cet embarras se manifeste par quelques contradictions apparues déjà dans ce vaste et sophistique exposé du 4 février dont nous parlions samedi.
I. – Nous avons vu samedi comment est construit le sophisme cardinal assurant contre « les intégristes » que Vatican II « fait partie du magistère infaillible de l’Eglise ».
Et pourtant ce même article du 4 février ajoutait aussitôt :
« Cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas critiquer le Concile. »
Critiquer le « magistère infaillible » ?
Pas si vite. Attention, nouveau virage : « Mais sur le fond, sur ce qui constitue la foi de l’Eglise », on ne doit pas « remettre en cause l’autorité du Concile ».
Tout cela dans un seul et même alinéa !
II. – Quelques alinéas plus loin, nouvelle nuance :
« On peut être en communion avec l’Eglise et émettre des doutes sur quelques éléments de Vatican II. »
Ah bon ! Mais nuance poussée jusqu‘à la… maladresse (?) :
« Il faut faire attention à ne pas déterminer le lien que l’on a avec l’Eglise par l’adhésion à tout l’enseignement du Magistère. »
Et une autre maladresse (!?), qui va encore plus loin, à propos de « la communion de l’Eglise » :
« Il n’existe pas de “demi-communion”… »
Quel coup porté à l’« œcuménisme » tel qu’on le parle (et le pratique) dans beaucoup de diocèses, de la base au sommet !
III. – Ce même 4 février, mais cette fois dans un encadré qu’il écrivait tout seul, le spécialiste Nicolas Senèze avait l’honnêteté intellectuelle de reconnaître, dans une phrase sibylline mais juste, à propos du terme « intégriste » :
« Il ne s’agit pas ici d’un terme revendiqué : les opposants au “modernisme” condamné en 1907 par Pie X préfèrent se référer à un “catholicisme intégral”… »
En signalant qu’il ne s’agit pas d’un « terme revendiqué », Nicolas Senèze indique, mais avec une grande discrétion, qu’« intégriste » n’est pas le nom que se donnent ceux que l’on désigne ainsi. Il s’agit d’un sobriquet polémique et injurieux que depuis un siècle on impose, malgré eux, à tous les catholiques qui combattent les subversions « progressistes » ou « modernistes ».
IV. – Qu’est-ce donc alors que l’intégrisme ? C’est un terme que l’on n’arrive pas à définir. On dit couramment, en guise de définition : c’est l’intolérance, la rigidité, le sectarisme, le manque de charité (etc.), autant de griefs moraux et non pas doctrinaux, des griefs que l’on peut formuler contre tous les camps. Les « intégristes » sont assurément des pécheurs, mais il est fort douteux que les autres ne le soient jamais. Ne pouvant donner une définition intellectuelle de l’« intégrisme », les intégrophobes montrent d’un doigt indigné les intégristes, « les » militants intégristes, « les » évêques intégristes, pour les frapper non point d’une réfutation, mais d’une relégation médiatique et sociologique.
V. – Il n’en va pas de même avec le modernisme, défini par saint Pie X comme « le rendez-vous de toutes les hérésies ». Et l’intégrisme est tout simplement le fait de ceux qui s’opposent au modernisme parce qu’ils sont (ou s’efforcent d‘être) catholiques tout court, catholiques intégralement.
Le dernier mot a été établi, il a été énoncé par Emile Poulat, et aucune objection n’a valablement contesté sa sentence, que je cite de mémoire : « L’intégrisme c’est le catholicisme. » Il ajoutait : « … quand il entre en effervescence par suite de circonstances exceptionnelles ».
Qu’elles soient exceptionnelles, ne vous en seriez-vous pas aperçus ? Une société sans Dieu, une législation civile de plus en plus contre nature, une meute médiatique maîtresse de l’opinion publique, et une Eglise, la seule Eglise, celle des évêques en communion avec le Pape, une Eglise malade de la prolifération cancéreuse, en son sein, d’un néo-modernisme dominateur, ne le verriez-vous pas ? L’Eglise ne connaît pas une « crise intégriste », comme vous le prétendez. Mais une crise moderniste.
Jean Madiran
Et pourtant ce même article du 4 février ajoutait aussitôt :
« Cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas critiquer le Concile. »
Critiquer le « magistère infaillible » ?
Pas si vite. Attention, nouveau virage : « Mais sur le fond, sur ce qui constitue la foi de l’Eglise », on ne doit pas « remettre en cause l’autorité du Concile ».
Tout cela dans un seul et même alinéa !
II. – Quelques alinéas plus loin, nouvelle nuance :
« On peut être en communion avec l’Eglise et émettre des doutes sur quelques éléments de Vatican II. »
Ah bon ! Mais nuance poussée jusqu‘à la… maladresse (?) :
« Il faut faire attention à ne pas déterminer le lien que l’on a avec l’Eglise par l’adhésion à tout l’enseignement du Magistère. »
Et une autre maladresse (!?), qui va encore plus loin, à propos de « la communion de l’Eglise » :
« Il n’existe pas de “demi-communion”… »
Quel coup porté à l’« œcuménisme » tel qu’on le parle (et le pratique) dans beaucoup de diocèses, de la base au sommet !
III. – Ce même 4 février, mais cette fois dans un encadré qu’il écrivait tout seul, le spécialiste Nicolas Senèze avait l’honnêteté intellectuelle de reconnaître, dans une phrase sibylline mais juste, à propos du terme « intégriste » :
« Il ne s’agit pas ici d’un terme revendiqué : les opposants au “modernisme” condamné en 1907 par Pie X préfèrent se référer à un “catholicisme intégral”… »
En signalant qu’il ne s’agit pas d’un « terme revendiqué », Nicolas Senèze indique, mais avec une grande discrétion, qu’« intégriste » n’est pas le nom que se donnent ceux que l’on désigne ainsi. Il s’agit d’un sobriquet polémique et injurieux que depuis un siècle on impose, malgré eux, à tous les catholiques qui combattent les subversions « progressistes » ou « modernistes ».
IV. – Qu’est-ce donc alors que l’intégrisme ? C’est un terme que l’on n’arrive pas à définir. On dit couramment, en guise de définition : c’est l’intolérance, la rigidité, le sectarisme, le manque de charité (etc.), autant de griefs moraux et non pas doctrinaux, des griefs que l’on peut formuler contre tous les camps. Les « intégristes » sont assurément des pécheurs, mais il est fort douteux que les autres ne le soient jamais. Ne pouvant donner une définition intellectuelle de l’« intégrisme », les intégrophobes montrent d’un doigt indigné les intégristes, « les » militants intégristes, « les » évêques intégristes, pour les frapper non point d’une réfutation, mais d’une relégation médiatique et sociologique.
V. – Il n’en va pas de même avec le modernisme, défini par saint Pie X comme « le rendez-vous de toutes les hérésies ». Et l’intégrisme est tout simplement le fait de ceux qui s’opposent au modernisme parce qu’ils sont (ou s’efforcent d‘être) catholiques tout court, catholiques intégralement.
Le dernier mot a été établi, il a été énoncé par Emile Poulat, et aucune objection n’a valablement contesté sa sentence, que je cite de mémoire : « L’intégrisme c’est le catholicisme. » Il ajoutait : « … quand il entre en effervescence par suite de circonstances exceptionnelles ».
Qu’elles soient exceptionnelles, ne vous en seriez-vous pas aperçus ? Une société sans Dieu, une législation civile de plus en plus contre nature, une meute médiatique maîtresse de l’opinion publique, et une Eglise, la seule Eglise, celle des évêques en communion avec le Pape, une Eglise malade de la prolifération cancéreuse, en son sein, d’un néo-modernisme dominateur, ne le verriez-vous pas ? L’Eglise ne connaît pas une « crise intégriste », comme vous le prétendez. Mais une crise moderniste.
Jean Madiran