Avant même sa parution, l’entretien que Mgr Richard Williamson a accordé à Der Spiegel ce 9 février, a été présenté comme une fin de non-recevoir à la demande du Saint Siège du 4 février 2009.
Certains ont même déclaré « Mgr Williamson persiste et signe » pour signifier qu’il persévérait dans son négationnisme et qu’il ne souhaitait en rien obéir à ce communiqué de la Secrétairerie d’Etat lui demandant « de prendre sans équivoque et publiquement ses distances » avec ses déclarations sur l’holocauste.
Aujourd’hui les lecteurs disposent non de quelques extraits mais de l’intégralité du texte de l’entretien, ils peuvent ainsi noter que Mgr Williamson ne refuse pas de revenir sur les propos qu’il a tenus à la télévision suédoise le 1er novembre 2008 (diffusés le 21 janvier 2009), mais qu’il ne veut « rien affirmer dont il ne soit pas convaincu ». C’est pour quoi il a entrepris d’étudier l’ouvrage de Jean-Claude Pressac qui réfute les thèses négationnistes : Auschwitz. Technique and operation of the gas chambers (1989).
Loin d’être une fin de non-recevoir, ou même une manœuvre dilatoire, la démarche de Mgr Williamson traduit une volonté de s’informer objectivement en étudiant la thèse adverse de celle à laquelle il a adhéré jusqu’à présent. « En raison de mes recherches dans les années 80, j’étais convaincu de la justesse de mes propos » déclare-t-il. « Je dois à nouveau tout reconsidérer et analyser les preuves ».
Préfèrerait-on voir Mgr Williamson tenir une position anti-négationniste uniquement sur commande ? La sincérité d’une telle position serait plus que suspecte aux yeux de tous. Mais sans attendre, il renouvelle les condamnations de l’Eglise contre l’antisémitisme : « Ce qui va de soi dans une religion où le fondateur et les personnes principales ont été juifs de naissance », réaffirme-t-il.
Il déclare que son étude prendra du temps. La vérité historique souffrira-t-elle de ce délai ? Les faits scientifiques risquent-ils de ne plus être des faits avec le temps ? Certainement pas ! Contrairement à ce qu’affirme le journaliste du Spiegel, la Fraternité n’a pas posé un « ultimatum » à Mgr Williamson, mais elle lui a demandé d’étudier ces questions dans un délai raisonnable. On ne saurait lui reprocher de prendre du temps pour pouvoir aboutir à des conclusions convaincantes.
Mgr Williamson, comme il le déclare dans son entretien, ne souhaite « nuire en aucun cas à l’œuvre de la Fraternité » ; c’est pourquoi il a accepté, le 31 janvier, la décision du Supérieur Général de le relever de sa charge de directeur du Séminaire de La Reja (Argentine).
Souhaitant mettre en perspective la campagne médiatique dont il est l’objet, Mgr Williamson conclut son entretien : « Je ne suis qu’un instrument utilisé pour agir contre la Fraternité Saint-Pie-X et contre le Pape. Il est évident que les catholiques de gauche n’ont pas encore pardonné au cardinal Ratzinger le fait qu’il soit devenu Pape ».
Par ailleurs, les quatre évêques de la Fraternité Saint-Pie-X ont adressé une lettre au pape Benoît XVI, en date du 29 janvier 2009, pour lui exprimer leur gratitude unanime du décret du 21 janvier 2009, retirant le décret d’excommunication de 1988.