Mon Révérend Père,
Je ne sais pas si d’autres confrères vous auront fait part de leurs impressions, confié leur désarroi et manifesté leur réprobation après les articles parus dans Rivarol et signés par Mgr Lefebvre. Pour moi, après mûre réflexion et longue hésitation, j’éprouve le besoin de libérer ma conscience en venant vous en entretenir.
Mais il y a plus grave encore, à mon avis. Ces articles selon moi (je peux me tromper peut-être, tant mieux !) font du mal parce qu’ils sèment la confusion, installent le doute et jettent le trouble dans les âmes qui, par ailleurs peut-être, chancellent plus ou moins dans leur foi et doutent fortement de la sagesse et de la pérennité de notre chère Église catholique. J’ajouterai que ce mal peut être encore plus pernicieux par le fait que ces paroles sont imprimées dans Rivarol, ce journal « inepte » (passez-moi le mot), démolisseur attitré de tout ce qui est sain – de tout ce qui est sensé et qui prend un certain plaisir sadique à semer la zizanie tant dans le monde politique que dans le monde religieux.
Or notre rôle à nous prêtres, et tout spécialement à nous Fils de l’Esprit Saint, consiste, je pense, à rasséréner, à encourager et à maintenir dans l’espérance tous ceux (et Dieu sait s’ils sont nombreux de nos jours) qui penchent vers un pessimisme de mauvais aloi et ont tendance à voir tout en noir quand il s’agit de l’avenir de l’Église du Christ.
Oui l’Esprit Saint est toujours là qui la guide, qui la garde cette Église et ce ne sont pas les quelques remous actuels qui soi-disant la déchirent qui la feront sombrer dans l’incohérence, encore moins dans la faillite. Elle en a vu d’autres.
Mis à part les sentiments sincères de respect et de profonde admiration que j’ai eu jadis pour Mgr Lefebvre, mon Révérend Père, ce que je tenais à vous dire parce que vous nous représentez tous à la tête de notre chère Province de France. N’y voyez aucun sentiment de mauvais esprit et encore moins de révolte mais simplement l’expression d’un certain malaise que j’éprouve et, je pense, que je ne suis pas le seul…
Croyez, Mon Révérend Père, à mes sentiments filialement dévoués in Spiritu Sancto,