Quel a été votre rôle dans la médiation avec les lefebvristes dont on a levé l'excommunication ?
J'ai eu à faire ces entretiens, mais cela ne signifie pas que j'étais seul à parler avec Mgr Fellay. J'ai toujours eu à mes côtés tout le groupe au sein du Saint-Siège nécessaire pour chacun des pas. Quand nous avons parlé des excommunications, ce ne fut pas un dialogue de Castrillon avec Fellay..., non, non, non. Je n'ai négocié avec personne. Ce fut la commission de cardinaux, y compris le cardinal Ratzinger (le pape Benoît XVI), parce que nous avons commencé à en parler quand il n'était pas encore pape. Il n'y a pas eu un seul acte qui ne s'est pas fait collégialement.
Comment avez-vous eu connaissance des paroles de Mgr Williamson niant l'Holocauste ?
Nous l'avons su officiellement au moment de la forte réaction de la part du monde juif et des évêques des paysus sensibles (Allemagne, Suisse et Autriche). Nous en avons eu communication entre nos mains le 5 février. Mais les lefebvristes n'ont pas été excommuniés pour des motifs de doctrine, mais parce qu'ils avaient été ordonnés sans autorisation.
Quand le porte-parole du pape, le P. Federico Lombardi, dit que vous deviez savoir ce qu'avait dit Mgr Williamson, est-ce que vous le prenez comme une manière de vous « tirer les oreilles » ?
Il n'a pas exactement dit cela, et s'il l'a dit, c'est une absurdité, une idiotie, parce qu'il ne s'agissait pas d'étudier la vie de ces évêques. L'unique chose qu'il fallait savoir est qu'il a été ordonné par Mgr Lefebvre sans autorisation
N'aurait-il pas fallu, avant de lever l'excommunication, que Mgr Williamson se rétracte ?
Personne ne l'a demandé au Saint-Père parce que personne ne savait qu'il l'avait dit.
Si vous l'aviez su, auriez vous demandé sa rétractation avant de lever l'excommunication ?
Je pense que non, parce que c'est un problème historique et non moral. Par prudence, le Saint-Père aurait pu dire d'attendre un moment. Je crois qu'il y a eu négligence de la part du porte-parole du Saint-Siège dans la déclaration qu'il a faite à La Croix, car il n'a pas à entrer dans des jugements sur les gens en disant que le cardinal doit savoir quelque chose qui n'a pas besoin de savoir. Si quelqu'un devait savoir quelque chose, c'est le cardinal en charge de la vie des évêques, le cardinal Re.
Êtes-vous conscient de ce que le porte-parole a dit ?
Franchement, cela ne m'intéresse pas. Il m'a écrit une lettre pour me demander pardon. Nous sommes de bons amis.
Comment se fait-il que le pape ai proposé une offre à Saddam Hussein?
Certains collègues allemands sont venus chez moi, à Rome, le mois avant l'arrestation de Saddam Hussein. Ils m'ont dit venir au nom du roi de Thaïlande. Ils demandaient que le Vatican propose à Saddam Hussein que le roi de Thailande lui offre un refuge sûr, à lui et à un assez grand groupe de fidèles (500, si je me rappelle bien). J'ai parlé au Saint-Père de cette offre et il m'a dit que cela se ferait par le biais de la nonciature. J'ai dit que nous pourrions appeler immédiatement le Premier ministre de thaïlandais, ce qui a été fait pour vérifier qu'il s'agissait d'une offre réelle. C'est tout ce que je sais.
Pourquoi la Thaïlande était-elle prête à cela ?
Je ne sais pas, je ne sais pas pourquoi on m'a demandé cela. Le but était d'éviter la guerre, mais je ne sais pas jusqu'où est allé la médiation de lÉglise.
Quelle est la réponse chrétienne à la violence en Colombie ?
Si on ne part pas de la reconnaissance d'un Dieu personnel qui s'est révélé, il est très difficile d'entrevoir sur des solutions. Il s'agit de connaître l'esprit de Dieu qui est le Seigneur de la vie et nous devons mettre en jeu des éléments tels que la primauté de la charité et de la miséricorde, de la justice, sans détruire le bien commun.
Comment peut-on parler de paix avec la guérilla ?
Lorsque les routes sont ouvertes pour un dialogue - et le président les a ouvertes, ainsi que les administrations précédentes - nous savons que de sgens issus de la guerilla ont occupé des postes importants dans le pays. Je me suis entretenu dans la brousse avec l'un d'entre eux, Antonio Navarro Wolf (devenu gouverneur de Nariño), le fusil encore chaud, parce qu'il venait de tirer.
Comment parler de la foi en Dieu, si la guérilla est athée ?
Je n'affirme pas que la guérilla est athée. Beaucoup de membres de la guérilla sont des enfants de foyers chrétiens. Plusieurs fois, j'ai parlé avec des guérilleros qui avaient une connaissance de la foi. A partir de la foi, il a été possible de parler, d'avoir une attitude de respect de la vie.
Recueilli par Andrés Gomez Osorio