Monseigneur, il y a quelques semaines, vous avez donné à votre votre collègue Richard Williamson, un livre pour qu'il puisse en lire plus sur l'Holocauste. La semaine dernière, il a publié des excuses mais qui reste en deçà de la demande du Vatican qu'il se rétracte de sa négation de l'Holocauste. Cette déclaration de Mgr Williamson est-elle suffisante pour vous ?
C'est, en tout état de cause, une première demande de pardon, ainsi qu'un pas important dans la bonne direction. On peut toujours espérer une meilleure formulation. Toujours est-il que cette demande de pardon est sincère et que le fait qu'il ait retiré ses propos est réel.
Cet espoir semble infondé. Après son arrivée à Londres, Mgr Williamson s'est lui-même entouré de personnes qui ont ouvertement nié l'Holocauste, comme l'historien David Irving. Savez-vous pourquoi ?
J'ai l'impression que Mgr Williamson est utilisé par ces personnes. Les médias ont été délibérément alimentés par cette information. Nous travaillons contre cela autant que nous le pouvons. Je suis totalement contre ces relations.
Mais votre influence sur Mgr Williamson semble être faible.
Nous sommes en contact, il est actuellement dans un prieuré de la Fraternité à Londres. Mais c' est aussi un homme libre. Il a bien sûr un supérieur, mais il est libre de ses décisions. Mais il aura à supporter les conséquences de cela.
Va-t-il réintégrer ses fonctions ?
C'est impossible dans les circonstances actuelles. Il nous a fait du mal et a sali notre réputation. Nous avons nous-mêmes pris très clairement nos distances avec lui. Il n'a pas été ordonné évêque pour poursuivre ses propres buts, mais pour le bien commun de l'Église, pour répandre la vérité révélée.
Alors pourquoi n'excluez-vous pas Mgr Williamson de la Fraternité ?
C'est ce qui se passera s'il nie à nouveau l'Holocauste à nouveau. C'est probablement mieux pour tout le monde qu'il se taise et reste quelque part dans son coin. Je souhaite qu'il disparaisse de la scène publique pour un bon moment.
Le Vatican pourrait-il le réexcommunier s'il ne se rétracte pas ?
J'en doute. La négation de l'Holocauste, aussi grave soit-elle, n'apparaît pas dans le droit canonique. Une excommunication n'est pas possible. Ce n'est pas seulement nous qui disons cela, mais des canonistes, des experts du droit. Le problème, c'est que ses commentaires ont été liés à son offices.
L'évêque de Ratisbonne, Mgr Gerhard Ludwig Müller a refusé à votre séminaire allemand de Zaitzkofen permission d'ordonner de nouveaux prêtres. Allez-vous obéir à cette interdiction ?
Cela était inutile et inappropriée. Tous ces événements sont certainement un échec pour nous et nous ramène dix ans en arrière. Mais nous continueront les ordinations.
En Allemagne, les hommes politiques craignent que des écoles gérées par la Fraternité ne partagent pas les valeurs de la constitution allemande. Êtes-vous préoccupé par le fait que il y aura des inspections ?
Je ne suis pas non plus inquiet à ce sujet. Nous sommes des gens normaux. Nous observons les règles, y compris celle de l'ordre étatique. Même si une seule voix dit quelque chose de mal, il est expressément écrit dans les épîtres de saint Paul que nous devons honorer les autorités et prier pour elles.
Alors, Mgr Williamson s'est égaré et les critiques contre la Fraternité sont un grand malentendu ?
Nous sommes dans un monde de boucs émissaires, et tous les faux pas se transforment immédiatement en scandale. Mais des erreurs qui doivent être corrigés sont commises tout le temps et partout.
Pourquoi avoir répondu si tardivement aux thèses si grossières de Mgr Williamson ?
Je dois vous avouer que je n'ai pas pris assez au sérieux la situation.
Propos recueillis par Stefan Winter