Au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, Ainsi soit-il.
Excellences,
Chers Confrères,
Chers Ordinands,
Mes bien chers Frères,
Lorsque l’on considère quelle est la pensée de la Sainte Église, que ce soit dans les Saintes Écritures, spécialement dans Saint Paul, ou dans la Tradition, qui est comme condensée dans le Pontifical Romain, on constate que c’est vrai : Monseigneur Lefebvre, notre saint fondateur, a été le serviteur fidelis et prudens, fidèle et prudent, et l’on pourrait bien ajouter : fort, vaillant, qui n’a fait autre chose que nous transmettre avec fidélité ce qu’il avait reçu de la Saint Eglise, c’est à dire le vrai Sacerdoce catholique.
Ensuite, on ne prêche plus la Vérité. On est en quête de la Vérité. Alors, le principal moyen d’apostolat, c’est le dialogue. Qu’est-ce que cela a à voir avec la vocation du prêtre. Qui doit prêcher, et prêcher la Vérité. Enseigner. Et selon la Tradition. Nous voyons comment ce qui est vraiment une chaire de Vérité, de Sagesse, devient, dans les meilleurs des cas, une chaire de confusion. Et dans les pires des cas, une chaire d’erreur. C’est terrible. C’est à cela que nous assistons. Le Sacrifice de la Messe est absolument diminué, estompé, obscurci. Au point qu’il devient même un obstacle à la Foi, à la Grâce de Notre Seigneur. Au véritable esprit catholique et chrétien qui est fondé sur la Croix et sur le Sacrifice de la Croix. C’est terrible. L’Ecriture dit, parlant des enfants d’Elie : «Leurs péchés étaient très graves, car ils éloignaient les hommes du sacrifice». Leurs péchés étaient graves, puisqu’ils ont étécondamnés par Dieu. Et ils sont morts à cause de cela.
Et cela, en tout cas, montre l’importance et la nécessité des sacres. Car si nous avons fait cet acte des Sacres, c’est justement pour la survie du Sacerdoce catholique. Donc aujourd’hui, nous revendiquons les Sacres. Nous revendiquons cet acte. Mais non pas comme s’il était une sorte de rébellion contre l’autorité, ou contre l’autorité du Pape. C’est à dire que nous ne revendiquons pas cet acte dans son apparente désobéissance. Mais par contre, nous le revendiquons dans sa résistance réelle. Dans la mesure où nous avons posé cet acte simplement afin de sauvegarder le Sacerdoce catholique. Et qui dit sauvegarder le Sacerdoce, dit sauvegarder la Foi catholique. Et l’Eglise catholique. Et donc, nous revendiquons la figure de Son Excellence Monseigneur Marcel Lefebvre. C’est dans ce contexte que sa figure émerge, avec la taille d’un géant. Car Monseigneur a été, quand même, le principal sauveur de la Tradition. Et souvent l’on nous dit : «Vous êtes lefèbvristes». Et nous disons toujours : «Nous ne sommes pas lefèbvristes, nous sommes Catholiques». Mais je souligne quand même que nous sommes des disciples de Monseigneur Marcel Lefebvre, et nous en sommes très fiers. Car il ne faut toujours entrer dans la logique, la sémantique des ennemis. Bien sûr, «lefèbvristes» c’est méprisant. Cela veut dire que nous serions Catholiques parce que lefèbvristes. Et bien non, c’est parce que nous sommes Catholiques, et que Monseigneur Marcel Lefebvre était très Catholique, que nous sommes des disciples de Monseigneur Marcel Lefebvre. Et à l’inverse, aujourd’hui, les gens croient, parce qu’ils obéissent. Ils n’obéissent pas parce qu’ils croient. Ce n’est pas avoir la Foi surnaturelle, c’est avoir l’obéissance. Vous êtes Catholiques si vous obéissez. Et non pas si vous croyez. Or l’obéissance est une conséquence de la Foi. Et donc, si nous avons adhéré à cet homme, sauveur de la Tradition, c’est parce qu’il était vraiment Catholique. Mais ceci étant dit, ceci étant précisé, nous revendiquons sa figure. Et nous sommes très heureux d’avoir partagé ce combat. Et nous serons très heureux encore de continuer ce combat. Et de partager les souffrances, les peines, les adversités, et si vous voulez les déclarations et même les condamnations dont il a souffert. Nous n’avons pas honte de l’Evangile de Notre Seigneur. Nous n’avons pas honte de Notre Seigneur Jésus-Christ. Nous n’avons pas honte de la Foi catholique de toujours. Nous n’avons pas honte de l’Eglise Catholique de toujours. Et, par conséquent, nous ne rougissons pas de Monseigneur Marcel Lefebvre.
Et cela m’amène à vous parler très rapidement de la situation actuelle. Vous avez peut-être entendu dire, par ci, par là, que nous avions reçu un ultimatum de la part de Rome. De la part du Cardinal Castrillon. Moi je pense que c’est trop dire, un «ultimatum». C’est trop dire. Il y a évidemment une volonté de nous émouvoir, de nous effrayer un peu. De nous mettre un peu de pression. Nous presser, dans le sens d’un accord purement pratique, qui a été toujours la proposition de Son Eminence. Alors, évidemment, vous connaissez déjà notre pensée. Cette voie est une voie morte. Et puisque c’est là, pour nous, c’est la voie de la mort. Et donc, il n’est pas question de la suivre. Nous ne pouvons pas nous engager à trahir la confession publique de la Foi. Il n’est pas question. C’est impossible. Et nous ne voulons pas, en tant que nous voulons garder la Tradition, défier ce bâtiment mystique qu’est l’Eglise, etnous embaucher dans une entreprise de démolition. Impossible. Vous réfléchirez sur tout ce que nous avons déjà dit. C’est impossible.
Alors évidemment, notre réponse va plutôt dans le sens de ce que nous avons déjà demandé. Ce que nous demandons depuis longtemps, ce sont les étapes avec les préalables. Et qui aboutiraient, éventuellement, à une discussion, à une confrontation. Théologique. Plus que théologique, encore, doctrinale. Plus que doctrinale, encore, du magistère. Et plus que du magistère, de Foi. Mais c’est la seule voie que nous sommes prêts à accepter. C’est la seule voie que nous demandons. Evidemment, la réponse de la Fraternité va dans ce sens-là. Et elle ira dans ce sens-là.
Alors, que nous prépare l’avenir proche ? Moi, je ne sais pas. Je pense que le plus probablement ceci aboutira à une pause, à une stagnation de nos contacts avec Rome.
Moins probablement, à une déclaration, nouvelle, contre nous.
Et moins probablement encore, cela aboutira au retrait du Décret d’excommunication, et ensuite à une discussion sur la Foi catholique. Discussion, pour ainsi dire, évidemment.
Voilà. Je vous les ai données dans l’ordre décroissant. D’après moi. C’est une conjecture que je fais moi-même, à mes frais.
Pour terminer, je vous rappelle, chers ordinands et chers confrères, les paroles de Notre Seigneur avant de monter au Ciel, qui me semblent contenir des passages beaux, si beaux. Qui contiennent la quintessence de l’Evangile : «Tout pouvoir m’a été donné, au Ciel, et sur la Terre». C’est le Christ Roi, Universel, qui parle. Le Maître de l’Histoire et de l’Eglise. «Tout pouvoir m’a été donné, au Ciel, et sur la Terre». «Allez donc, et enseignez tous les hommes, toutes les nations», - c’est bien le Christ Prêtre, Docteur, Docteur de Vérité. C’est le Christ-Vérité qui nous les dit -, «les baptisant, au Nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit». C’est bien le Christ-Vie. C’est le Christ-Prêtre qui communique la grâce. Qui nous donne cet ordre de les convertir, de leur donner la grâce. «Leur apprenant à garder tout ce que Je vous ai demandé». «Tout ce que Je vous ai demandé». Absolument tout. Et c’est bien le Christ Législateur, qui établit leur morale même, qui nous demande d’enseigner cela. Ceux qui croiront, et se feront baptiser se sauveront. Et ceux qui ne croiront pas, se condamneront, seront condamnés. C’est le Christ Juge et Rémunérateur qui nous l’annonce. «Et voici que Je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la consommation des siècles». C’est le Christ Sauveur, Rédempteur, le Christ Tête de l’Eglise. C’est le Sacré-Cœur de Jésus qui nous annonce Son secours, dans Sa Toute-Puissance et dans Sa Miséricorde. Alors, nous n’avons rien à craindre. Il l’a dit lui-même aux Apôtres : «Ne craignez rien ! J’ai vaincu le monde». Et Notre Seigneur ne parle pas seulement du monde mondain. Le contexte le montre bien que, dans «J’ai vaincu le monde», Notre Seigneur inclut les autorités ecclésiastiques de l’époque, puisqu’il parlait un peu avant des Pharisiens et des Sadducéens. Autrement dit, Notre Seigneur a vaincu tous Ses ennemis. Et nous, nous sommes au service de ce si puissant Seigneur, Roi des Rois, Seigneur des Seigneurs. Alors nous n’avons rien à craindre. Et la Providence va nous donner, pour l’avenir, ce qui nous convient. Comme toujours. Parfois c’est la souffrance, parfois c’est l’épreuve, une accalmie, une petite bataille gagnée. Nous ne connaissons pas l’avenir. Nous ne savons pas où l’histoire du monde va aboutir, ni l’Eglise elle-même, et le monde. A quoi Dieu nous prépare-t-Il ? Nous ne le savons pas. Mais que ce soit dans la souffrance, dans le combat, dans la joie, dans la victoire, nous sommes toujours également rassurés. Car notre Espérance est bien fondée en Dieu, en Sa Providence et en Notre Seigneur Jésus Christ.
Et c’est pour cela que nous prions également aujourd’hui la Très Sainte Vierge Marie. Et tout particulièrement l’Immaculée, la Toute Pure. Car c’est bien Elle qui est le chemin pour aller à Notre Seigneur Jésus Christ, qui est le chemin assuré pour aller au Christ, pour vivre de la Vie du Christ. Mais c’est aussi l’Immaculée qui a reçu les promesses de la Victoire. Ipsa conteret. La Victoire a commencé déjà, par Marie. La victoire finale viendra aussi par l’entremise de l’Immaculée. Par le triomphe du Cœur Immaculé et douloureux de Marie.
Alors, ayons cette confiance et soyons courageux dans notre Sacerdoce, dans notre ministère et dans l’accomplissement, chaque jour meilleur, des exigences de notre Sacerdoce Catholique.
Au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit,
Ainsi soit-il.