C'est une fin de non-recevoir des catholiques intégristes, héritiers de Mgr Marcel Lefebvre (1905-1991) et séparés de Rome depuis 1988. Dans une lettre rendue publique la semaine dernière, Mgr Bernard Fellay, supérieur de la Fraternité Saint-Pie-X – 200 000 fidèles dans le monde – expose son refus de «signer un accord» avec l'Église catholique – un milliard de fidèles – malgré la main tendue par Benoît XVI. Le motu proprio signé par le pape l'été dernier, dans le but de faciliter l'usage du rite tridentin – messe en latin selon le missel de Jean XXIII – n'a donc pas suffi à infléchir la position du chef de file des intégristes. Les concessions de Rome dans le domaine liturgique ne sont qu'un «jeu d'illusions», estime dans sa lettre Mgr Fellay, qui exige encore et toujours d el'glise catholique qu'elle renonce aux principes acquis du concile Vatican II (1962-1965) : liberté de conscience, dialogue avec les autres religions... «Après de multiples tentatives de Jean-Paul II, benoît XVI aura fait tout ce qui était en son pouvoir pour tenter une sortie de crise», souligne Nicolas Senèze, spécialiste du dossier au quotidien La Croix. S'il est encore tôt pour évaluer le succès du motu proprio dans les rangs clairsemés des intégristes, les discussions entre ces derniers et l'Église catholique semblent à nouveau, vingt ans après le schisme, au point mort.
Samuel Lieven