Très estimé Monsieur le Docteur Barth,
Je vous remercie de votre lettre du 6 avril, à laquelle je ne réponds que maintenant, faute de temps. Vous me demandez de m’engager pour l’autorisation plus élargie du rite romain ancien. Vous savez déjà que j’accueille bien une telle demande, vu que mon engagement dans cette affaire est maintenant connue par tout le monde.
La situation est différent si on n’envisage qu’une autorisation limitée ; car la demande de la liturgie ancienne est limitée. Je sais que sa valeur ne dépends point de la demande, mais le nombre des prêtres et laïcs intéressés a cependant une certaine importance. En plus, une telle mesure ne peut être réalisée progressivement aujourd’hui, une trentaine d’année après la réforme liturgique du Pape Paul VI ; chaque nouvelle précipitation ne produira pas de bons résultats.
Mais je crois que dans l’avenir l’Église romaine ne devra avoir qu’un seul rite ; l’existence de deux rites est difficilement “gérable” pour les évêques et les prêtres. Le rite romain de l’avenir devrait être un seul rite, célébré en latin ou en langue populaire, mais basée entièrement dans la tradition du rite ancien ; il pourrait intégrer quelques nouvels éléments qui ont fait leurs preuves, quelques préfaces, des lectures plus larges - plus de choix qu’avant, mais pas trop - une Oratio fidelium, cela veut dire une litanie de prières d’intercession après l’Oremus avant l’offertoire, ou est sa place primitive.
Très estimé Dr Barth, si vous vous engagez ainsi pour la question liturgique, vous ne serez pas seul et vous préparez « l’opinion publique de l’Église » à des mesures éventuelles en faveur d’un usage plus large des manuels liturgiques anciens. Il faut cependant être prudent quant à l’excitation des espoirs trop grands, maximaux, auprès des fidèles attachés à la tradition. Je me sers de cette occasion de vous remercier de votre engagement appréciable en faveur de la liturgie de l’Église romaine, dans vos livres et conférences, même si je souhaiterais ici et là plus d’amour et compréhension pour le magistère du Pape et des évêques.
Que la semence, que vous semez, grandisse et porte des fruits pour une nouvelle vie renouvelée de l’église, dont la « source et sommet », son véritable cœur, est et sera cette liturgie.
Je vous donne volontiers la bénédiction demandée par vous,
Cordialement