Au sujet du schéma de la déclaration sur «la liberté religieuse»
(Textus emendatus)
Chapitre I
Conception générale de la liberté religieuse
Cette conception de la liberté religieuse prend origine et forme à partir d’une opinion répandue aujourd’hui dans le public. Cette opinion se fonde sur le primat de la conscience et la liberté à l’égard de toute contrainte. Ces deux éléments constituent essentiellement la dignité humaine.
La conscience est-elle une réalité absolue ou bien relative ? La conscience est-elle l’ultime fondement, objectif et subjectif, de la religion ?
Comment, en suivant sa conscience, l’homme peut-il trouver son salut éternel ? N’est-ce pas parce que, dans une vérité objective, il trouve Dieu et notre Sauveur ?
La conscience ne peut être définie sans relation à la Vérité, ordonnée qu’elle est, essentiellement, à celle-ci.
De même, la liberté humaine ne peut être définie comme une libération de toute contrainte, sous peine de détruire toute autorité. La contrainte peut être physique ou morale. La contrainte morale, dans le domaine religieux, est fort utile et se retrouve tout au long des Saintes Ecritures. «La crainte de Dieu est le commencement de la sagesse.»
L’autorité existe pour l’accomplissement du bien et l’abstention du mal, c’est-à-dire pour aider les hommes à bien user de leur liberté. Le texte des pages 3, 4, 5 et 6 est voilé par maintes équivoques et ambiguïtés.
Bien étonnante est la fin de la Déclaration, en page 6 : «Ce Saint Concile déclare que le régime juridique actuel (!!!) est respectable en soi et vraiment indispensable à la sauvegarde dans la société actuelle, de la dignité humaine, et personnelle et civile.»
Si une telle affirmation est véridique, alors est mensongère la doctrine enseignée jusqu’à présent par l’Eglise et surtout par les derniers Pontifes.
Une chose est affirmer le besoin actuel d’une plus grande liberté laissée par l’autorité, autre chose est prétendre que cet état de fait est plus conforme à la dignité humaine. Une telle prétention admettrait implicitement le droit au scandale, soit par l’erreur, soit par le vice. Dieu nous en garde
Chapitre II
Doctrine de la liberté religieuse selon la raison
Page 7 : Intégrité de la personne. – Comment peut-on affirmer ce principe : «Le lien entre la liberté intérieure et sa manifestation sociale est totalement indissoluble» ? Quel homme de bon sens peut-il, imperturbable, énoncer une telle affirmation ? Que reste-t-il de l’autorité et de la vérité ? De nouveau, on affirme le droit au scandale !
Recherche de la vérité. – Ce paragraphe montre bien l’irréalisme de cette déclaration .
La recherche de la vérité, pour les hommes vivant sur cette terre, consiste avant tout à obéir, à soumettre leur intelligence à quelque autorité que ce soit, familiale, religieuse et même civile.
Combien d’hommes peuvent arriver à la vérité sans le secours de l’autorité ?
Nature de la religion. – Une religion intérieure erronée conduit souvent à des actes extérieurs superstitieux, contraires à la dignité humaine et surtout contraires à la dignité divine. Une religion erronée porte inévitablement avec elle des principes contraires à la loi naturelle, surtout dans le domaine du mariage, comme le dit très clairement saint Paul dans son Epître aux Romains.
Comment peut-on affirmer : «Il s’en suit donc que l’homme a le droit, dans l’exercice public de sa religion, d’être à l’abri de toute coercition, soit légale, soit sociale» (page 8) ?
La conscience humaine. – La conscience humaine n’est pas une «table rase». Elle contient des principes moraux, dont l’un est celui-ci : «Il faut obéir à Dieu et aux autorités par lui constituées. La voix de la conscience doit être assujettie à l’autorité de droit divin.»
Où trouver la conscience, sinon chez les hommes vivant en société, donc soumis aux autorités ?
Gouvernement civil. – Ici, l’affirmation contredit explicitement la doctrine catholique . Voir Immortale Dei de Léon XIII.
Limites de la liberté religieuse. – A moins de définir clairement le bien public et, par conséquent, l’ordre public, il devient impossible de fixer pratiquement les limites de la liberté religieuse.
Or, le bien public et l’ordre public ne peuvent être définis que par rapport à la vérité
Chapitre III
Conséquences pratiques
De principes équivoques et faux, les conséquences ne peuvent qu’être équivoques et fausses.
Chapitre IV
Doctrine de la liberté religieuse à la lumière de la Révélation
Cette doctrine ne prouve rien, sinon «pour autant que la conscience perçoit» cette doctrine.
La Sainte Ecriture peut prouver seulement l’obligation de soumettre à Dieu, au Christ et à l’Eglise, non seulement la conscience, mais la personne tout entière. On peut ignorer la Révélation ; on ne peut ignorer Dieu et l’obligation de lui soumettre sa personne, selon les préceptes de sa propre conscience, préceptes objectifs et vrais, sauf le cas de certaines consciences erronées sans faute de leur part.
Nulle part et à personne la Sainte Ecriture ne donne le droit au scandale, même dans le cas d’une conscience erronée sans faute de sa part. Et personne ne peut être sauvé par l’erreur, mais seulement par la volonté d’obéir à Dieu.
«Il est donc reconnu que les hommes d’aujourd’hui, quelle que soit leur formation profonde, souhaitent toujours plus, de jour en jour, pouvoir professer librement leur religion, en privé et en public…
Saluant d’un coeur en liesse ces signes favorables qu’offre notre temps… Il s’impose donc qu’en tous lieux, la liberté religieuse soit protégée par une garantie juridique efficace…»
Qu’est-ce à dire ? Que signifie cette conclusion ?
Que chacun demeure dans sa bonne foi ! Qu’il n’existe plus une société civile dotée d’une législation catholique !
Que les citoyens catholiques ne tentent aucunement de faire renaître une société civile catholique !
Que toutes les lois morales des diverses communautés religieuses soient mises sur pied d’égalité dans le code civil, en particulier les lois sur le mariage et l’usage de celui- ci !
Que les écoles catholiques soient ouvertes à toutes les religions, indistinctement.
Si l’on admet cette conclusion comme doctrine de l’Eglise, on admet donc aussi le relativisme doctrinal, l’indifférentisme pratique, la disparition de l’esprit missionnaire dans l’Eglise pour la conversion des âmes.
Toute la vitalité de l’Eglise vient à celle-ci de l’Evangile, du fait qu’elle s’est toujours proclamée la seule Eglise fondée par le Christ pour la diffusion de la vérité dans le monde entier, selon la parole du Christ : «Voici pourquoi je suis né, voici pourquoi je suis venu dans le monde : pour rendre témoignage à la vérité.» (Jean XVIII, 37.)
Tous ceux qui viennent à l’Eglise viennent à elle parce qu’elle possède la vérité ; ils acceptent bien des sacrifices pour obéir à la vérité, pour être dans la vérité.
A quoi bon ces sacrifices ? A quoi bon le célibat des prêtres, la virginité des religieux et des religieuses ? A quoi bon le sang des missionnaires, si ce n’est pas pour la vérité, parce que le Christ est la vérité, parce que l’Eglise du Christ est la vérité !
Seule la vérité est le fondement du droit.
La conscience, la liberté, la dignité humaine n’ont des droits que dans la seule mesure où elles sont en relation essentielle avec la vérité.