Monseigneur et très révérend Père,
Mes révérends Pères,
Je viens par cette lettre vous offrir ma démission de la charge de Provincial de France, pour le motif que je ne m’y trouve pas à ma place, et que je ne suis pas à même de faire mon travail de Provincial comme il le faudrait.
Une autre raison, non moins importante, c’est que ma nomination n’a jamais été acceptée par beaucoup, étant donné qu’elle a été faite contre les recommandations du Chapitre général. Il est dit, en effet, dans les Statuts capitulaires, page 28: « Les capitulants désirent qu’avant de nommer un Supérieur, les autorités compétentes se livrent à une sérieuse information provenant d’une consultation préalable aussi large que possible, y compris dans les territoires de Mission, pour la nomination du Supérieur de la Province dont dépendent ces territoires. »
Or chacun sait (et dit) que cette consultation n’a pas eu lieu pour ma nomination et beaucoup m’en tiennent rigueur et me refusent leur confiance, en France et hors de France, même parmi les Supérieurs provinciaux et principaux de langue française.
Tout récemment je recevais une lettre d’un capitulant dans laquelle il me reprochait violemment ce péché originel : « Nous n’admettons pas qu’on ait nommé, sans nous consulter, le Provincial et ses deux Assistants, alors que nous voulions les écarter des responsabilités, au moins pour un temps…
Ce même confrère ajoute que 95 % sont du même avis que lui. Il me semble que dans ces conditions, il vaut mieux nommer quelqu’un qui soit agréé par l’ensemble des confrères, et qui ne voie pas son autorité remise à tout instant en question
C’est pourquoi, Monseigneur et Très Révérend Père, je vous offre ma démission, tout simplement et sans condition ni arrière-pensée, et vous prie de nommer un autre Provincial à ma place.
Veuillez agréer, Monseigneur et Révérend Père. l’assurance de ma soumission respectueuse et filiale.