Nicolas Senèze, journaliste à La Croix et auteur du livre La crise intégriste (Bayard, 2008). Il revient sur les attaques récentes des deux pièces de théâtres par des fondamentalistes.
Qu'est-ce qui gêne les intégristes dans ces pièces ?
Les deux pièces attaquées par les fondamentalistes sont très différentes. Alors que Castellucci s'interrogeait sur la résistance de la foi, Rodrigo Garcia – et il le dit lui-même – joue délibérément la provocation. Civitas a bien réussi son coup. Ils ont réussi à faire croire que la religion était attaquée. En parlant de cathophobie, et donc en faisant l'amalgame entre ce qui peut se passer au Moyen-Orient et en France, ils ont attiré à eux toute une frange de catholiques « modérés ».
Qui sont les intégristes ?
Ils sont proches de la Fraternité Saint-Pie-X fondée par Mgr Marcel Lefebvre et qui a rompu avec l’Eglise officielle. Proches de Jean-Marie Le Pen dans les années 80, ils se sont éloignés du Front National avec l'arrivée de Marine Le Pen, considérée comme trop « laïciste ».
Sont-ils dangereux ?
Oui dans le sens où ils polluent le débat et peuvent être assimilés par le public à l'Eglise catholique. Le Renouveau Français et l'Institut Civitas se revendiquent avant tout comme des mouvements politiques, pas religieux. Après, il faut relativiser le phénomène. Lors de leur plus grande manifestation, à Paris (le 29 octobre ndrl) il n'étaient pas plus de 3500.
Recueilli par Cerise Sudry-Le Dû