L'unité avant tout. Benoît XVI serait prêt à rouvrir les portes de l'Eglise catholique à la mouvance intégriste. C'est le quotidien italien Il Giornale qui l'annonce, le pape serait sur le point d'annuler l'excommunication d'évêques intégristes adeptes de Monseigneur Marcel Lefebvre, qui rejettent le Concile Vatican II. Les quatre évêques, deux Français, un Argentin et un Britannique, avaient été ordonnés, sans l'aval de Rome, en 1988.
Levée de l'excommunication ou réhabilitation?
Mais la mouvance intégriste n'entend pas rejoindre l'Eglise sans conditions. La première était la réhabilitation de la «messe tridentine» en latin abandonnée après le concile Vatican II. Condition acceptée par Rome en juillet 2007. La deuxième concerne le retrait du décret d'excommunication qui touchent les quatre évêques nommés par Mgr Lefebvre. C'est presque chose faite. «La question est aujourd'hui de savoir si Benoît XVI va juste lever l'excommunication ou alors retirer le décret», ce qui signifierait une réintégration officielle, à l'Eglise, des évêques. Pour le moment seule la levée de l'excommunication aurait été signée. L'information n'a été ni démentie ni confirmée par le Vatican. Et l'annonce devrait être faite samedi.
Mais selon Andrea Tornielli, du quotidien italien Il Giornale, Benoît XVI ne devrait pas en rester là puisqu'il s'apprêterait à attribuer un statut juridique au sein de l'Eglise catholique à la Fraternité Saint-Pie-X, fondée dans les années soixante-dix par Mgr Lefebvre, et à ses quelque 500 prêtres. Une décision qui risque de ne pas être sans conséquences sur les fidèles, non intégristes. «On sait que l'Eglise a besoin de prêtres, c'est peut-être une des raisons de ce geste, mais beaucoup de fidèles risquent de ne plus se reconnaître dans l'Eglise catholique», explique Nicolas Senèze. La Fraternité, dont le siège est à Ecône en Suisse, revendique 150.000 fidèles à travers le monde, particulièrement en France et au Brésil.
Un négationniste dont le pape ignore les propos
Outre cette main tendue aux intégristes, une polémique vient se greffer au dossier. Parmi les évêques qui seraient réhabilités figure un Britannique, Richard Williamson, qui a tenu des propos négationnistes. Ce dernier a déclaré sur une chaîne publique suédoise: «Je crois qu'il n'y a pas eu de chambres à gaz (...) Je pense que 200.000 à 300.000 Juifs ont péri dans les camps de concentration, mais pas un seul dans les chambres à gaz». Des propos dont le pape n'aurait pas forcément eu échos.
Maud Descamps