La liturgie était une des questions majeures sur lesquelles Benoît XVI était attendu. Avant même d'atterrir sur le sol français, il a expliqué le sens de sa démarche avec le Motu proprio Summorum Pontificum, publié en juillet 2007, et conçu par lui comme un « acte de tolérance dans un but pastoral ». Le Pape a tenté ainsi d'infléchir et de ramener dans l'Église ceux qui ont suivi Mgr Marcel Lefebvre dans le schisme en 1988.
Nicolas Senèze, journaliste au service religion de La Croix, a mené une enquête fouillée sur les origines et les étapes de cette rupture. Son livre permet de connaître les acteurs et les grands moments de cette « crise intégriste » dont les effets se font toujours sentir, particulièrement en France. Centrale est la figure de Mgr Lefebvre, « homme de combat », pugnace jusqu'à conduire ses fidèles à la séparation. Mais comme le montre l'auteur, la liturgie n'en est pas la seule cause. Un véritable fossé s'est creusé depuis le Concile Vatican II, au point d'ériger plus de murs que de ponts. Cependant, depuis la mort de son fondateur, le courant intégriste vit dans la mémoire des premières impulsions et souffre de fortes tensions qui ont conduit à des divisions internes et à des retours vers l'Église catholique.
Si Benoît XVI est perçu comme un « Pape de tradition », impossible de reconnaître en lui un allié objectif de ceux qui voudraient remettre en cause le Concile Vatican II. Seule voie capable de résoudre le schisme, sa bonne réception représente une exigence pour tous. Nicolas Senèze nous offre tous les détails pour situer les enjeux de cette crise et permet de percevoir le chemin de la réconciliation pour autant que les acteurs acceptent de le parcourir dans le bon sens.
Vincent Cabanac