Trop souvent, les observateurs du monde catholique n’observent celui-ci qu’au travers du prisme intégriste. La crise suscitée par l’ordination « sauvage » de quatre évêques par Mgr Lefebvre en 1988, et plus lointainement l’opposition au concile Vatican II, est néanmoins un des révélateurs du catholicisme contemporain. On trouvera dans l’ouvrage de Nicolas Senèze, chef adjoint du service religion de La Croix, l’analyse informée et nuancée de ces vingt ans de crise. Ce suivi très précis permet d’ouvrir des questions plus larges. Cette crise dépasse le conflit entre archaïsme et modernisme. La notion même de tradition ne renvoie-t-elle pas à celle d’identité ? L’adhésion argumentée de l’essentiel de l’Église de France aux principes laïques s’appuie elle aussi sur une identité assumée.