(...) Durant notre Assemblée, nous sommes revenus sur deux événements qui ont marqué notre actualité ecclésiale récente : la création de l’Institut du Bon Pasteur et l’information donnée par la presse de la publication prochaine d’un motu proprio qui élargirait les conditions mises à la célébration de la messe dite de « saint Pie V ». Nous savons l’émotion que ces deux nouvelles ont provoquée chez bien des prêtres, diacres et laïcs de nos diocèses. J’ai eu l’occasion d’aborder ce point un peu longuement dans mon discours d’ouverture. Je voudrais résumer ici, en quelques mots, le fruit de nos échanges et les convictions qui se sont exprimées lors de notre Assemblée et qui sont rappelées dans le message que vous m’avez adressé. Je vous remercie à ce propos de votre confiance et de votre soutien qui sont pour moi un grand réconfort.
1) Evêques de la Conférence épiscopale, nous voulons, en premier lieu, exprimer notre communion profonde avec le pape Benoît XVI. Il sait qu’il peut compter sur notre collaboration fraternelle et l’aide de notre prière.
2) Nous partageons son souci de travailler à l’unité de l’Eglise et d’offrir un chemin de réconciliation à tous ceux qui, à la suite de Mgr Lefebvre, ont quitté la pleine communion avec le Siège de Pierre. Nous portons dans notre prière cette œuvre de réconciliation qui est un fruit de l’Esprit.
3) Nous avons la conviction que cette œuvre ne pourra se faire qu’en redécouvrant ensemble la réalité sacramentelle de l’Eglise et qu’en accueillant, avec humilité et simplicité, la fraternité chrétienne comme un don de Dieu. Voir toutes les relations dans l’Eglise en termes de stratégies à mener, de combats à livrer, de victoires à remporter et de polémiques à intensifier ne peut que nuire à cette œuvre de réconciliation.
4) Nous affirmons que l’enseignement du Concile et le dynamisme apostolique qu’il a impulsé à toute l’Eglise restent la « boussole » qui
oriente notre marche. Nous disons notre vive reconnaissance à tous
ceux, prêtres, diacres, religieux, religieuses et laïcs, qui ont
contribué, avec beaucoup de générosité, à mettre en œuvre les
orientations et les décisions conciliaires. Ils sont de bons serviteurs
de l’Evangile.
Mais le Concile Vatican II est encore à recevoir. Il faut toujours vérifier que son souffle anime bien en profondeur la vie et le fonctionnement de nos communautés chrétiennes. Il s’agit de vérifier également que l’on ne met pas sous son patronage des façons de vivre, de penser, de célébrer ou de s’organiser qui n’ont rien à voir avec lui.
Rester fidèle au Concile ne veut pas dire non plus qu’on demeure nostalgique des premières décennies de sa mise en œuvre. Le Concile lui-même nous invite à vivre au sein d’une Eglise pérégrinante, d’une Eglise en marche vers le Royaume, qui reçoit au jour le jour les charismes et les ministères que l’Esprit Saint lui envoie, aussi déconcertants soient-ils.
5) Nous savons bien que les différends avec les fidèles qui ont suivi Mgr Lefebvre dans son « non » à Rome ne sont pas d’abord liturgiques, mais théologiques – autour de la liberté religieuse, de l’œcuménisme, du dialogue interreligieux – et politiques. Mais nous ne voulons pas pour autant minimiser l’importance de la liturgie qui est au cœur de la vie ecclésiale. Nous remercions à ce propos tous ceux et celles qui se sont formés, qui contribuent à la qualité de nos liturgies et qui permettent que nous ayons, dans bien des lieux, des célébrations belles et priantes, joyeuses et recueillies.
Nous souhaitons poursuivre l’accueil de ceux qui gardent un attachement à la messe dite de « saint Pie V ». Une diversité est possible. Mais celle-ci doit être régulée. Il en va de l’unité de la liturgie et de l’unité de l’Eglise. On ne saurait livrer le choix d’une des formes du rite romain – messe de « saint Pie V » ou messe de « Paul VI » – à sa seule subjectivité. Une Eglise où chacun construirait sa chapelle à partir de ses goûts personnels, de sa sensibilité, de son choix de liturgie ou de ses opinions politiques ne saurait être encore l’Eglise du Christ. Il faut résister aujourd’hui à la tentation d’une « religion à la carte ». Comme évêques, nous sommes prêts à veiller, avec le Saint-Père et sous son autorité, à l’unité et à la communion au sein de nos Eglises locales et entre nos Eglises. (...)