Éminence,
À
la suite de notre réunion du 21 janvier, tenue sous la présidence de
S.E. le cardinal Garrone, concernant le séminaire d’Écône (Valais,
Suisse).
Ayant pris connaissance avec soin du texte (de Mgr Marcel Lefebvre, daté de Rome, 21 novembre 1974), que nous a remis précisément le cardinal préfet de la congrégation pour l’Éducation.
Je dois vous redire que pour moi se pose une question à la fois douloureuse et très urgente.
Mgr
Lefebvre ne cesse de dire et d’écrire que la Fraternité Sacerdotale
Saint-Pie-X a reçu l’approbation de l’évêque de Fribourg. C’est bien,
en effet, Mgr Charrière qui, le 1er novembre 1970, a donné son approbation, ad experimentum, pour six ans.
À cause du texte de Mgr Lefebvre (du 21 novembre dernier) qui s’oppose
si manifestement au Concile Vatican II et à S.S. Paul VI, je vous
demande humblement, selon les normes prévues par le droit – et j’espère
qu’elles me le permettront – de m’autoriser à retirer l’approbation de
mon prédécesseur.
Le texte mentionné de Mgr Lefebvre me paraît suffisant pour motiver cette requête.
Je
me permets cependant de vous rappeler ce que vous ont dit les deux
évêques venus de Suisse pour la réunion du 21 janvier : actuellement,
dans le diocèse de Sion, dans le diocèse de Fribourg et dans les
diocèses de Suisse alémanique, une confusion de plus en plus grande
s’étend. Elle atteint un certain nombre de fidèles, par le biais du
refus du missel de S.S. le Pape Paul VI. Quelques hommes politiques
catholiques s’étonnent. Les “disciples” de MM. les abbés de Nantes,
Coache et Barbara se réunissent dans notre diocèse pour dire la messe
dite de saint Pie V, dans des appartements. On a même dit que Mgr Adam
était un « imposteur » lorsqu’il affirmait que S.S. Paul VI avait
abrogé le missel de saint Pie V. Le séminaire d’Écône, à mon humble
avis, dans une telle situation, ne peut pas faire du bien.
Je
n’ignore pas certaines innovations aberrantes de ceux qui s’appuient
sur le Concile pour s’éloigner tout autant de la hiérarchie, du
magistère et de la vérité. Ce problème nous préoccupe aussi gravement.
Nous travaillons quotidiennement pour faire rectifier ce qui doit être
rectifié. Nous encourageons ceux qui doivent être encouragés.
Permettez-moi, Éminence, de m’appuyer sur votre prière, de vous redire ma très vive gratitude et mon entier dévouement.