Vénérables Frères,
Je prends la parole au nom de plusieurs Pères, dont je transmets les noms au Secrétariat général.
Il nous a paru que, si l’on garde tel qu’il est le texte du chapitre second, numéros seize et dix-sept, on met en grave danger l’intention pastorale du Concile.
Pratiquement, la Collégialité existerait, et par un Sénat international résidant à Rome et gouvernant avec le Souverain pontife l’Eglise universelle, et par les Assemblées nationales d’évêques possédant de vrais droits et devoirs dans tous les diocèses d’une même nation.
Par là et peu à peu se substitueraient dans l’Eglise, au gouvernement personnel d’un seul Pasteur, des Collèges, soit internationaux, soit nationaux. Plusieurs Pères ont parlé du danger d’une diminution de pouvoir du Souverain pontife et nous sommes pleinement d’accord avec eux. Mais nous entrevoyons un autre danger, encore plus grave, s’il se peut : la disparition progressive et menaçante du caractère essentiel des évêques, à savoir qu’ils sont «vrais pasteurs, qui paissent et gouvernent chacun son propre troupeau, à lui confié, selon un pouvoir propre et immédiat et plénier en son ordre». Bientôt et insensiblement, les assemblées nationales avec leurs commissions paîtraient et gouverneraient tous les troupeaux, de telles sorte que les prêtres eux-mêmes et les fidèles se trouveraient placés entre ces deux pasteurs : l’évêque, dont l’autorité serait théorique, et l’assemblée avec ses commissions qui détiendrait, en fait, l’exercice de l’autorité. Nous pourrions rapporter maint exemple des difficultés dans lesquelles se débattent et des prêtre et des fidèles et même des évêques.
Notre-Seigneur a certainement voulu fonder les Eglises particulières sur la personne de leur pasteur et Il a parlé avec tant d’éloquence de celui-ci ! La Tradition universelle de l’Eglise, elle aussi, nous l’enseigne, comme nous le montre avec tant de beauté la liturgie du sacre épiscopal.
C’est pourquoi les assemblées épiscopales fondées sur une collégialité morale, sur la charité fraternelle, sur l’aide mutuelle, peuvent procurer un grand profit dans l’apostolat. Au contraire, si peu à peu elles prennent la place des évêque, parce que fondées sur une collégialité juridique, elles peuvent y porter le plus grave dommage.
Afin donc d’éviter le danger de transmettre à des collèges les fonctions du Souverain pontife et des évêques, nous proposons un autre texte, à la place des numéros seize et dix-sept, et nous le soumettons à la Commission conciliaire.
(Suivent les noms des huit Pères du Concile ayant soussigné cette intervention).